Le cinéma permet de mettre en avant des thèmes qui sont parfois tabous et difficiles à aborder. Depuis quelques années, le trouble alimentaire est un sujet fortement utilisée dans les films, non seulement pour essayer de décrire ce qui parfois est indescriptible, mais également pour sortir de l’ombre ces femmes et hommes qui ont souffert, qui souffrent encore.
Aujourd’hui je vais donc vous parler de trois films, qui sont sortis dernièrement et qui traitent chacun ce thème avec une manière particulière de voir le monde et la maladie.
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My Skinny Sister (16 décembre 2015)
My Skinny sister un film suédois/allemand qui m’a fortement intrigué lors de sa sortie. Très peu connu par le grand public, il avait une approche très différente de celle d’autres films que j’avais pu voir autrefois. Ici nous entrons dans la vie de Stella, une fille de 12 ans, rondelette qui est en admiration totale devant sa sœur Katja. Rapidement dans l’intrigue, nous remarquons des changements dans le comportement de Katja, qui passe peu à peu d’adolescente belle et pleine de vie, à une version plus sombre d’elle même. C’est à travers les yeux d’une enfant, les yeux de Stella que l’on découvre la triste réalité de sa sœur, obsédée par son envie de devenir toujours plus mince.
Ce que j’ai fortement apprécié dans ce film, c’est la relation qui lie les deux sœurs, et comment l’anorexie de Katja se retrouve comme un obstacle entre les deux. De complices, l’aînée voit presque sa petite sœur comme une ennemie qui va l’empêcher d’atteindre son but. Ce point de vue extérieur de la maladie, ainsi que l’impact de celle-ci sur l’ensemble de la famille m’a paru extrêmement intéressent, parce qu’on parle de l’entourage, de ceux qui aiment les personnes atteintes d’anorexie et qui voient leurs sœurs, mères, frères ou ami(e)s dans une spirale autodestructrice.
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To the bone (14 juillet 2017)
Une des dernières grandes sorties cinéma de Netflix cet été: To the Bone. Lilly Collins est Ellen. Renfermée, cynique et anorexique, elle a passé une grande partie de sa vie à côtoyer les médecins, ainsi que d’autres filles touchées par la maladie. La seule chose qui l’importe (ou en tous cas c’est ce qu’elle laisse paraître) c’est sa demi-sœur et le dessin. Mais lorsque ce dernier s’est retourné contre elle, causant la mort d’une autre femme, le seul point d’attache devient sa maigreur. Elle va ainsi, faire la rencontre d’un médecin interprété par Keanu Reeves et de son “programme” non conventionnel, qui va la faire changer de perspective ou du moins lui faire comprendre que le monde n’est ni noir, ni blanc et que la vie n’a pas besoin d’avoir un sens, juste d’être vécue.
Ce que j’ai beaucoup aimé dans ce film, c’est l’envie de nous faire comprendre que parfois il n’est pas utile de trouver LE moment déclencheur des troubles alimentaires. Que ça soit la pression sociale, une remarque d’un inconnu ou la perte d’un être aimé, au final ce qui est important et ce qu’il faut prendre en compte c’est la souffrance de la personne. La plupart du temps ce n’est pas une raison, mais des millions qui expliquent comment un jour tu peux basculer et finir par te détester tellement, que le risque de mourir n’est pas suffisent pour te faire arrêter. Autre chose que j’ai trouvé extrêmement fort dans ce film, c’est qu’il nous montre que l’anorexie n’est pas le seul trouble alimentaire et qu’il ne touche pas seulement les femmes. A force de “fantasmer” sur cette maladie, nous oublions que la boulimie par exemple existe et que malheureusement, les hommes peuvent aussi en être des victimes.
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Feed (pas encore sortie en France)
Vous connaissez sûrement Troian Bellisario comme l’une des stars de la série Pretty Little Liars. Ce que vous saviez moins c’est qu’en plus d’être actrice, elle est également scénariste et a écrit plusieurs des épisodes de sa série. Mais depuis plusieurs années elle s’est lancée dans un projet: celui de raconter à sa façon, l’un des moments les plus difficiles de sa vie. Comme vous l’imaginez, elle a été frappée par la maladie étant très jeune, et celle-ci la suivie jusqu’aux tournages et promos. Depuis quelques années, elle va mieux, mais elle a eu quand même le courage d’interpréter le rôle d’Olivia, une lycéenne timide et travailleuse qui aime son frère jumeaux par dessus tout. Avec lui, elle se sent forte et remplie d’espoir. Mais lorsque celui-ci décède dans un accident de voiture, dont elle se sens coupable, son monde bascule.
Dans Feed, nous pensons comprendre rapidement la cause de la maladie d’Olivia. Néanmoins, ce que j’ai trouvé extrêmement bien mis en avant dans ce film c’est l’idée du contrôle. Olivia n’arrête pas de manger parce qu’elle se trouve grosse ou qu’elle n’aime pas son physique, mais parce que c’est le seul moyen qu’elle trouve pour revoir son frère, sentir sa présence et se sentir rassurée. Sans lui, elle n’a plus le contrôle de sa vie, et sa mort lui prouve que tout peut arriver n’importe quand. Mais il y a bien une chose qu’elle peut contrôler, c’est d’écouter la voix de son frère lui dire de lui laisser les restes pour que lui il puisse manger. Cette personnification de la maladie, très bien jouée par Tom Felton est une très bonne idée, parce qu’on voit, parce qu’on ressens et que l’on comprends presque ce qui peux nous pousser à l’autodestruction.
En résumé: Ce n’est pas un sujet simple, et parfois on n’a même pas envie de regarder ces films parce qu’on ne veut pas s’affronter à tout ce désarroi et tristesse. Mais je pense qu’il est important de parler des ces choses là et aujourd’hui le cinéma est un moyen pour essayer de comprendre, pour peut-être et peut parfois même aider à éviter des drames. Les films restent quand même des interprétations d’une vie. Tout n’est pas dit, ni décrit, mais c’est au moins un début.